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Section des sourds et malentendants socialistes
19 janvier 2007

Les propositions de Ségolène Royal au Congres de l'Unisda

Discours devant le congrès de l'UNISDA, le 18 janvier 2007,

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de m’accueillir à votre Congrès cette année et je salue le succès de votre mobilisation. Merci Monsieur le Président de votre invitation.

La qualité des intervenants aujourd’hui est le signe d’une prise de conscience. La société bouge peu à peu. En matière de handicap, je voudrais la faire avancer à grands pas, tant nous avons de retard.

C’est pourquoi il était de première importance pour moi de venir vous assurer de mon soutien, de ma mobilisation sans faille.

Votre engagement, votre courage, vos combats pour l’accessibilité de la société sont des combats universels, car il n’est pas de société juste sans égalité réelle entre chacun de ses membres.

Liberté de choix, quand les parents découvrent la surdité de leur enfant, du mode de communication qu’ils vont privilégier. Cette liberté de choix est fondamentale et doit être réaffirmée. Les personnes sourdes ont trop souffert des tentations normatives de l’Etat, qui a ainsi interdit pendant un siècle la pratique de la langue des signes.

Egalité ensuite, car personne ne doit avoir à quémander l’accessibilité à l’information, personne ne doit avoir à dépenser davantage d’argent parce qu’il a une déficience auditive. C’est à la société d’adapter ses structures à la surdité, et non pas le contraire. Ce sont les carences d’une société qui sont révélées par son inadaptation aux différentes formes de handicaps. Lorsque l’on sait que 5 millions de personnes en France souffrent, de manière plus ou moins prononcée, de déficience auditive, comment considérer la question de l’accessibilité comme une revendication anecdotique d’une minorité ? On peut mesurer les progrès d’une société à l’aune de l’accessibilité et de l’universalité réelle des droits, de même que l’on peut mesurer l’avancement d’une société à l’état des relations entre les hommes et les femmes, et, vous le savez, ce n’est pas une question annexe pour moi.

Fraternité enfin, car je sais que si les personnes sourdes ou malentendantes ont obtenu des avancées, c’est grâce à cet esprit de solidarité et d’entraide. Je souhaite que cette fraternité soit plus répandue dans l’ensemble de la société, que la mixité soit réelle entre entendants et malentendants. Que ce ne soient pas toujours les uns, les personnes qui ont une déficience auditive, qui fassent des efforts pour se faire comprendre des autres. C’était le sens du programme Handiscol que j’avais mis en place en tant que Ministre. Permettre à tous les enfants de vivre et grandir ensemble, de s’enrichir les uns les autres. L’école est là pour nous apprendre à devenir des citoyens, et quelle meilleure leçon pour cela que celle de la vie réelle, dans sa diversité ? afin que chacun d’entre nous jouisse d’une citoyenneté pleine et entière.

En tant qu’ancienne Ministre chargée des personnes handicapées, j’ai aussi eu la chance de pouvoir travailler auprès d’associations formidables, dont la tâche est d’autant plus ardue qu’elles doivent souvent se battre contre l’indifférence. Pour moi, la question de la responsabilité de la société vis-à-vis de l’ensemble de ses membres a toujours été déterminante. C’est bien aux responsables politiques de faire en sorte que l’universalité des droits soit respectée pour chacun, à chaque moment de sa vie : vie scolaire, vie professionnelle, vie personnelle et sociale.

Aujourd’hui, pendant la campagne participative que j’ai choisie de mettre en place, je veux que chacun puisse s’exprimer et que chacun puisse confronter ses idées avec celles d’autrui.

Le site internet de Désirs d’Avenir propose l’intégralité de mes discours par écrit, mais je vous annonce que désormais mes messages vidéos sur internet, ceux que je lancerai, seront sous-titrés. Ainsi j’ai exigé que mes vœux de bonne année soient sous-titrés. De même, les forums participatifs auxquels je participerai seront traduits en langue des signes française, comme chacun de mes meetings, par exemple hier soir à Toulon. C’est un enjeu de citoyenneté fondamental. La République du Respect que j’appelle de mes vœux trouve ici une mise ne application très claire : nous devons pouvoir communiquer les uns avec les autres, refuser toutes les ségrégations.

D’ailleurs, un forum participatif a déjà eu lieu à Paris le 9 janvier sur le thème du handicap, et il a rassemblé plus de 300 personnes dont plusieurs dizaines de personnes sourdes : ce forum était traduit en langue des signes française. Cette réunion a montré que les citoyens sont les meilleurs experts de leur vie – selon une expression qui m’est chère - et fourmillent d’idées pour créer une dynamique de changement.

Tout déficient auditif s’inscrivant dans un forum participatif dans le pays bénéficiera par ailleurs, quel que soit le mode de communication qu’il a choisie, de l’accessibilité de la réunion à laquelle il souhaite assister. Des boucles magnétiques seront installées au plus vite dans les salles de réunions, comme cela a été fait à Paris à la Mairie du 10e arrondissement par exemple.

Nous sommes à l’ère de la communication. Notre monde est rythmé désormais par internet et par le téléphone portable. Ce ne sont plus des gadgets, mais des outils indispensables à la vie personnelle, professionnelle et sociale. Je m’engage donc, si je suis élue, à créer des centre-relais téléphoniques permettant à toute personne, quel que soit son degré de surdité, d’appeler n’importe qui en bénéficiant de l’aide d’un interprète ou de la transcription écrite. Cela existe dans d'autres pays, nous le ferons en France, avec des financements adéquats. Les profits des opérateurs téléphoniques leur donnent la possibilité de participer au financement de ces structures et d’offrir des tarifs préférentiels aux personnes sourdes et malentendantes sur ces communications.

Le sous-titrage des programmes télévisuels, prévu pour 2010, est évidemment une excellente chose, mais, comme beaucoup de dispositions de la dernière loi handicap, il n’existe pas encore de budget pour le réaliser : nous ne connaissons toujours pas le contenu du contrat d’objectif entre l’Etat et les chaînes publiques pour définir leur financement. Je m’engage à faire du budget de sous-titrage une priorité. Dans d'autres pays, cela passe par une taxe sur la publicité : cela doit être étudié très vite.

De même, pour le cinéma, il est important que le CNC s’engage pour le sous-titrage des films français, et que les exploitants de salles poursuivent les travaux d’équipement entrepris pour rendre les salles accessibles aux malentendants. La Ville de Paris a contribué à financer le sous-titrage de nombreux films français et je m’en félicite. Cette politique doit être systématique.

Enfin la loi du 11 février 2005 ne traite pas la question de la télévision sur internet ou sur les téléphones portables – pourtant les changements technologiques rapides doivent intégrer la nécessité de disposer d’appareils permettant la lecture correcte des sous-titres.

Nous devons utiliser les avancées technologiques pour anticiper les besoins, et non pas pour courir derrière eux en cherchant à ce que les malentendants « rattrapent » les niveaux de confort auxquels sont parvenus les entendants.

Personne ne doit être contraint de s’appareiller, mais, pour ceux qui le souhaitent, cet appareillage doit être gratuit. La compensation financière actuellement prévue est insuffisante.

Enfin je terminerai par une adresse aux familles. En matière de surdité, vous le savez, une large part de l’avenir de l’enfant repose sur sa famille, notamment l’apprentissage de la communication. La société ne doit pas laisser ces familles à leur solitude ! Dès la première année de l’enfant, ses facilités futures à s’exprimer dépendent de la mobilisation des parents, de leur attitude au moment où ils se trouvent face à la réalité de la surdité de leur enfant. Aujourd’hui le dépistage précoce des troubles de l’audition doit permettre à tous les enfants de bénéficier des mêmes chances, quel que soit justement leur milieu social familial. Les pouvoirs publics se doivent d’accompagner les parents qui découvrent la surdité de leur enfant. C’est une exigence de justice.

Il est important aussi que l’Etat et les collectivités locales forment des personnels très qualifiés, des interprètes, des techniciens de l’écrit qui réalisent des transcriptions écrites simultanées, des codeurs en LPC (langue parlée complétée) - bref, des professionnels du dispositif de communication adapté au choix des parents.

Mais il faut, j’insiste, penser à l’accompagnement des parents, des familles, au moment où elles découvrent l’univers de la surdité. Il faut les accompagner dans leur choix, quel que soit le niveau de surdité : il n’y a pas de fatalité si la solidarité collective est là.

Chaque enfant, chaque adulte déficient auditif a le droit de vivre selon ses choix, a le droit de pouvoir communiquer librement avec ses proches, en bénéficiant des supports de traduction que notre modernité peut lui offrir.

Je ne me résous pas à ce que seule une infime minorité de jeunes sourds puissent accéder aux études supérieures, ou même au baccalauréat : c’est de notre responsabilité collective de leur donner les moyens de cette forme d’émancipation intellectuelle que représente l’accès à l’Université. La France est un pays riche qui a les moyens d’offrir à chacun de ses enfants l’accès à l’information, à la culture, à la communication et à l’éducation. C’est pourquoi je propose la création de bourses d’études spécifiques et automatiques pour les jeunes étudiants sourds : les aides à l’accessibilité des études sont insuffisantes, trop longues à se mettre en place. Nous devons nous fixer des obligations de résultats en matière d’accessibilité aux études : j’en ferai une priorité budgétaire et nous y travaillerons ensemble, si vous en êtes d’accord, dans la concertation.

L’égalité de tous nos enfants est un pilier de mon action.

Aujourd’hui, en France, grâce à votre combat, la surdité est mieux prise en compte. Une jeune femme incarne désormais de toute sa grâce, aux yeux de tous les Français, le joli visage des personnes sourdes ou malentendantes : je veux la saluer aujourd’hui, puisqu’elle est présente dans la salle, il s’agit de Sophie Vouzelaud, Première Dauphine de Miss France. Mademoiselle, les images de votre élection étaient bouleversantes, lorsque vous avez pris la parole pour affirmer devant la France entière que les sourds ont les mêmes capacités que les autres et pour réclamer l’accessibilité à la télévision. Bravo pour votre courage !

Je rends aussi hommage à Emmanuelle Laborit, bien sûr, et je me félicite de l’ouverture de l’International Visual Theatre, depuis hier, qui produit et diffuse des pièces de théâtre en langue des signes française et en Français.

Je vous remercie de l’action formidable que vous menez.

Ségolène Royale,

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Commentaires
R
royal a dit :<br /> <br /> (Liberté de choix, quand les parents découvrent la surdité de leur enfant, du mode de communication qu’ils vont privilégier. Cette liberté de choix est fondamentale et doit être réaffirmée. Les personnes sourdes ont trop souffert des tentations normatives de l’Etat, qui a ainsi interdit pendant un siècle la pratique de la langue des signes)<br /> <br /> <br /> elle a oublie pour implant cochleaire??????<br /> <br /> elle a dit que les parents sont leur choix<br /> <br /> c est veut dire pas interdi pour implant cochleaire
M
Bonjour,<br /> Je suis militant depuis le 16/11/2006, je n’ai pas reçu ma nouvelle carte.<br /> Me soignez bien prudent, merci votre attention, je suis sourd et muet de naissance à Honfleur. j’ai besoin à l’avenir avec vous, allez y encourager bravo à ségolène Royal, bien sûr on gagne en 2007, mes amis sourds vous pensent bien.<br /> Amicalement !
Section des sourds et malentendants socialistes
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